Les informations fournies sur le projet sont incomplètes et inexactes.
Communiqué des Amis de la Terre de l’Isère
On a lu récemment le contenu des propositions présentées par le rapport des parlementaires Bouvard et Destot, à propos du financement du projet L.T.F.:
Pour l’essentiel, une écotaxe instituée pour une durée de 50 ans, qui serait payée par les poids lourds des régions alpines. Mais progressivement, pour lui éviter le sort de la défunte écotaxe de la ministre Ségolène Royal.
Une 1ère question sur le financement : Si le nombre des poids lourds diminue, ce qui est tendanciellement le cas, et si des incitations au ferroutage par les voies existantes portent leurs fruits, que devient le financement produit par l’écotaxe ?
Une 2nde question sur les solutions alternatives : La société en charge du tunnel assigne comme objectif une réduction de près de 40% de la part du transport routier de marchandises et pour cela « transporter à terme 100 000 poids lourds par an ».
Cela c’est pour un futur plus ou moins lointain. Mais au présent il existe sur le même itinéraire une ligne en fonctionnement, rénovée à raison d’un milliard d’euros. L’enquête publique de 2012 a établi que cette voie a une capacité de 120 trains par jour. Actuellement il en passe 20. Cent trains de plus par jour, à raison de 20 camions par train, cela fait 2 000 poids lourds par jour, soit 700 000 par an (chiffre à comparer avec les 100 000 poids lourds espérés à terme par les promoteurs de L.T.F. !)
Qu’est-il fait actuellement pour que cette capacité soit utilisée ? Rien, et même l’inverse (baisse des péages au Fréjus et au Mont-Blanc sur certaines catégories de poids lourds.)
Combien de temps un tel degré d’incohérence, d’absurdité et d’opacité sera-t-il soutenable ?
Quand, enfin, un débat public contradictoire sera-t-il organisé sur ce projet, financièrement d’importance nationale ?
Car la face cachée du projet Lyon- Turin c’est l’assèchement à son profit de la majorité des aides européennes, c’est l’impossibilité d’entretenir et de rénover le réseau des TER, actuellement en déshérence un peu partout en France. Car, comme le dit un proverbe grec « on ne peut dépenser son argent qu’une fois » que ce soit par la SNCF, ou par les régions.
Une 3ème question sur l’avenir des trafics : Les parlementaires en charge du dossier de financement mentionnent la concurrence de la ligne et du tunnel du Brenner, sans aller jusqu’au bout de l’analyse.
Depuis plus de dix ans, on assiste à un dépérissement des trafics transalpins est-ouest et à une augmentation du trafic sud-nord, de la Méditerranée vers l’Europe du Nord, ceci étant dû à l’augmentation du trafic venu par tankers d’Extrême-Orient. Dans ce nouveau contexte, la ligne du Gothard , Italie-Suisse et la ligne du Brenner, Italie-Autriche, sont pertinents. Une nouvelle ligne Lyon-Turin, non.
La réalisation de l’autoroute maritime Barcelone – Marseille – Vintimille – Gênes, prévue par les accords franco- italiens de 2012, serait une mesure d’accompagnement autrement moins coûteuse et plus adaptée à ce nouveau contexte. Mais de ce côté-là, rien ne bouge. Les mafias n’auraient-elles pas encore pris le contrôle des marchés ?
Conclusion provisoire
Tout s’est passé comme si le cahier des charges de la mission confiée aux deux parlementaires ne portait que sur le financement du projet Lyon Turin Ferroviaire, et non sur sa justification fonctionnelle. A question biaisée, réponse incomplète.
Nous estimons indispensable que soit organisé au plus tôt le grand débat public contradictoire qui permettra de mettre en adéquation, dans la transparence, questions et réponses.
Pour les Amis de la Terre de l’Isère,
Association déclarée d’utilité publique,
Jean Jonot