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1 mai 2019 3 01 /05 /mai /2019 20:38

BIENNALE DES VILLES EN TRANSITION – ATELIER AVEC DES ELUS SUR « QUELLE RESILIENCE EN CAS DE CRISE MAJEURE »

 

Evènement organisé dans le cadre de la Biennale des Villes en Transition 2019 par les Amis de la Terre (groupe de l’Isère) le samedi 16 mars 2019 de 10h00 à 12h00 au Palais des Sports de Grenoble.

 

Après une courte introduction sur la notion d’effondrement, 6 élus grenoblois ou métropolitains ont été invité à réagir en 5’ environ sur les actions de résilience et de transition à mettre en place en lien notamment avec leur champ de compétence. Un temps d’échanges avec la salle a ensuite eu lieu.

 

Les élus présents étaient

>Jérôme Dutroncy, VP environnement de la Métropole,

>Vincent Fristot, maire adjoint de Grenoble délégué à l’urbanisme et à la transition énergétique et Président de GEG,

>Olivier Bertrand, Conseiller de Grenoble et de la Métropole, Président de la SPL Eaux de Grenoble Alpes,

>Jacques Wiart, conseiller de Grenoble délégué aux mobilités et à la logistique urbaine,

>Lucille Lheureux, maire adjointe déléguée aux espaces publics et à la nature en ville, Présidente du Comité de Pilotage de la biennale de Grenoble

>Georges Ouadjaoudi, VP Prévention, collecte et gestion des Déchets de la Métropole.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

INTRODUCTION PAR LES AMIS DE LA TERRE 4

1 DE LA PRISE DE CONSCIENCE DE LA REALITE D’UN EFFONDREMENT EN COURS OU A VENIR … 4

2 … A LA NECESSITE DE PREPARER LA RESILIENCE ET LA TRANSITION … 4

3 … EN PRENANT EN COMPTE LA FAIBLE AUTONOMIE ET LA FRAGILITE DES FONCTIONS VITALES DE LA VILLE CONTEMPORAINE 6

1-4 UNE SEANCE POUR AMENER LES ELUS A S’EXPRIMER SUR LES PISTES DE RESILIENCE / TRANSITION DE L’AGGLOMERATION GRENOBLOISE EN INTEGRANT LA PERSPECTIVE DE L’EFFONDREMENT 8

JEROME DUTRONCY, VP ENVIRONNEMENT / AIR / CLIMAT / BIODIVERSITE DE LA METROPOLE 9

1-UNE CONCEPTION DE LA RESILIENCE ET UN SYSTEME DE GESTION DES RISQUES INADAPTES EN CAS D’EFFONDREMENT / DE CRISE GLOBALE 9

2-DES PISTES DE REFLEXION POUR PREPARER LA RESILIENCE 9

> Réduire dès maintenant les inégalités pour limiter le nombre de laissés-pour-compte en cas d’effondrement 9

> Restaurer les écosystèmes et changer notre rapport avec la nature 9

> Remettre en adéquation les besoins et les ressources locales / aller vers une économie circulaire 9

> Penser la résilience à la bonne échelle – celle de la grande région grenobloise – en construisant des solidarités inter-territoriales sur l’alimentation, la filière bois, l’eau potable, … 10

VINCENT FRISTOT - MAIRE ADJOINT DE GRENOBLE DELEGUE A L’URBANISME ET A LA TRANSITION ENERGETIQUE ET PRESIDENT DE GEG (GAZ ELECTRICITE DE GRENOBLE) 11

1-UN MANQUE DE CADRE POUR ABORDER LA RESILIENCE DANS UN CONTEXTE D’EFFONDREMENT 11

2-UNE STRATEGIE DE RESILIENCE A CONSTRUIRE EN PRENANT EN COMPTE LES VOLUMES DE CONSOMMATION ET LEUR EVOLUTION 11

> Une consommation d’eau divisée par deux en 40 ans sur le territoire communal de Grenoble 11

> Une consommation d’électricité multipliée par deux en 30 ans sur le territoire communal de Grenoble 12

3-POUR L’ENERGIE, DES RESSOURCES LOCALES SUFFISANTES POUR FONCTIONNER EN MODE DEGRADE ? 12

OLIVIER BERTRAND – CONSEILLER DELEGUE A LA VILLE DE GRENOBLE ET PRESIDENT DE LA SOCIETE PUBLIQUE LOCALE EAUX DE GRENOBLE-ALPES 13

1-RESILIENCE : DES REFLEXIONS A DECLOISONNER ? 13

2-LA PERENNITE DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU EST DEJA UNE QUESTION CRITIQUE POUR DE NOMBREUSES VILLES 13

3-GRENOBLE EST DANS UNE SITUATION FAVORABLE ET DEVRAIT POUVOIR ASSURER LA PERENNITE D’UNE DISTRIBUTION DE L’EAU POTABLE EN MODE DEGRADE 13

4-UN MANQUE DE MOYENS POUR REPONDRE A LA FOIS AUX ENJEUX DE SECURITE ANTI-TERRORISME ET DE RESILIENCE 13

LUCILLE LHEUREUX, MAIRE ADJOINTE DE GRENOBLE EN CHARGE DES ESPACES PUBLICS ET DE LA NATURE EN VILLE 14

1-L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE : UNE QUESTION CRITIQUE 14

> La production agricole locale couvre moins de 2% de la consommation alimentaire du territoire 14

> Deux leviers d’actions pour combler ce décalage : augmenter la production locale et faire évoluer nos régimes alimentaires 14

> La nécessaire réaffectation du foncier vers l’agriculture va à l’encontre des compromis qui sous-tendent l’élaboration actuelle des documents d’urbanisme 15

> Un code des marchés publics à faire évoluer pour permettre l’introduction d’une clause de proximité sur l’approvisionnement de la restauration collective 15

2-UN FORT ENJEU D’ADAPTATION DES ESPACES PUBLICS AUX EFFETS PREVISIBLES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE (VAGUES DE CHALEUR) 15

JACQUES WIART – CONSEILLER MUNICIPAL DE GRENOBLE SUR LES DEPLACEMENTS 16

1-DES PISTES DE TRANSITION INSPIREES PAR LE SCENARIO NEGAWATT 16

> Sobriété (moins se déplacer) 16

> Efficacité (utiliser des modes moins consommateurs d’énergie) 16

> Transition des véhicules vers les énergies renouvelables 16

2-CULTURE CITOYENNE ET CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE : DE LEVIERS POUR LA RESILIENCE. 17

GEORGES OUADJAOUDI, VP PREVENTION, COLLECTE ET GESTION DES DECHETS DE LA METROPOLE 18

1-UN PLAN DE TRANSITION EN COURS DANS LA GESTION DES DECHETS 18

> Augmenter le recyclage et la valorisation des déchets avant incinération 18

> Faire évoluer le comportement et l’attitude des consommateurs / des habitants 18

ECHANGES AVEC LA SALLE 19

1-POURQUOI CERTAINES DECISIONS PUBLIQUES SEMBLENT ALLER A L’ENCONTRE DES PISTES EVOQUEES LORS DE CETTE CONFERENCE ? POURQUOI NE PARVIENT-ON-PAS A METTRE EN PLACE DES ACTIONS FORTES VOIRE CONTRAIGNANTES ? 19

2-COMMENT INTERESSER ET MOBILISER LES HABITANTS SUR LE SUJET DE LA RESILIENCE ET DE L’EFFONDREMENT ? 20

3-PEUT-ON AGIR AU NIVEAU INDIVIDUEL ? PEUT-ON FAVORISER DES MAINTENANT UNE RELOCALISATION DE L’ECONOMIE ? EST-CE QUE CELA SUFFIRA ? 20

4-COMMENT ASSURERA T’ON LA SECURITE PUBLIQUE (POLICE / ARMEE) ET LES SOINS DE SANTE DANS UN CONTEXTE D’EFFONDREMENT ? 21

CONCLUSION PAR LES AMIS DE LA TERRE 22

> Mettre les citoyens en situation pour qu’ils se projettent dans l’effondrement 22

> Travailler à l’élaboration d’un plan « effondrement » avec la Préfecture et les différents acteurs locaux 22

 

 


 

INTRODUCTION PAR LES AMIS DE LA TERRE

 

1 DE LA PRISE DE CONSCIENCE DE LA REALITE D’UN EFFONDREMENT EN COURS OU A VENIR …

Le mot effondrement est rentré dans le langage commun, « l’omerta est levée, on peut en parler sans se cacher ». Dans ce contexte, les Amis de la Terre ont monté un groupe de travail sur cette notion.

[Ndlr : les conclusions de ce groupe de travail ont fait l’objet d’une tribune dans le magazine en ligne Reporterre : https://reporterre.net/La-transition-ecologique-a-echoue-vivons-avec-l-idee-d-effondrement ]

Les Amis de la Terre ont construit leur propre définition de l’effondrement, centrée sur les fonctions-supports indispensables à notre mode de vie : « perte rapide et potentiellement irreversible de certains services de base fournis par les collectivités et le système économique à l’ensemble de la population : eau potable, alimentation, énergies, état de droit, … ».

Ils citent en complément la définition donnée par l’institut Momentum qui insiste sur la dimension écosystémique de l’effondrement, définit comme un processus qui « conduirait à une incapacité temporaire ou définitive de la biosphère à offrir des conditions de vie acceptables ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les causes de l’effondrement sont largement connues (exploitation sans limite des ressources, surconsommation, pollutions, …). Et l’effondrement a déjà commencé : changement climatique, extinction des espèces, tensions géopolitiques, … On rejoint la notion « d’anthropocène » (nouvelle aire géologique marquée par le fait que l’Espèce humaine devient un agent capable de transformer la géologie de la Terre).

2 … A LA NECESSITE DE PREPARER LA RESILIENCE ET LA TRANSITION …

Les Amis de la Terre souhaitent agir comme contributeurs, facilitateurs et passeurs d’idée avec comme ligne directrice le postulat que notre civilisation puisse continuer à exister au-delà d’un système dont on s’est rendu dépendant mais qui ne représente que l’épaisseur du trait dans l’histoire d’Homo Sapiens.

« Loin d’être des cassandres, nous portons l’idée que notre intelligence et notre capacité d’adaptation peuvent nous aider à s’adapter ». Dans ce contexte, il est irresponsable de parler d’effondrement sans l’associer à la résilience et donc aux pistes de réflexion sur les solutions. Et la résilience est indissociable de la solidarité, elle-même liée à la vie.

 

La résilience est définie comme la capacité d’un système à maintenir ses fonctions vitales malgré les chocs, ce même au prix d’une réorganisation interne. Pour une société humaine, la résilience repose notamment sur les liens entre les individus.

Pour préparer la résilience, il faut que notre société entre en transition. En effet, notre système ne peut pas durer car il n’est pas viable. Il faut donc se préparer dès maintenant à des changements inévitables, l’utopie étant de croire que notre système va durer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La transition ne se confond pas avec le développement durable, jugé par les Amis de la Terre comme une tentative de maintenir le système actuel (non viable) en le verdissant à la marge (cf. illustration page suivante).

[Ndlr : cette idée rejoint par ailleurs les conclusions de l’article de Luc Semal « Une mosaïque de transitions en catastrophes. Réflexions sur les marges de manœuvre décroissantes de la transition écologique » La pensée écologique, 2017/1).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3 … EN PRENANT EN COMPTE LA FAIBLE AUTONOMIE ET LA FRAGILITE DES FONCTIONS VITALES DE LA VILLE CONTEMPORAINE

 

Le fonctionnement des villes modernes est marqué par une très forte dépendance vis-à-vis :

  • D’approvisionnements extérieurs (nourriture, énergie, …)

  • De grands systèmes socio-techniques potentiellement fragiles en cas d’effondrement – système de santé, réseaux divers (électricité, eau, assainissement, télécommunications), sécurité/maintien de l’ordre, …

 

Pour les Amis de la Terre, il faudrait travailler sans attendre sur l’adaptation du fonctionnement de l’agglomération grenobloise pour que le plus de gens possibles puissent y vivre le moins mal possible la période sombre qui s’annonce. Ainsi, dans un contexte d’effondrement, il est fort possible que le système de transport et de chaîne du froid soit défaillant et ne permettent plus d’acheminer les tonnes de nourritures nécessaires à la (sur)vie des habitants de l’agglomération. Il est donc nécessaire de s’y préparer en mettant en place des jardins et une agriculture urbaine.

 

Pablo Servigne a exploré cette question de la transition des villes en lien avec l’effondrement et a défini 4 scénarios qui dépendent notamment de la capacité de la société locale à anticiper ou non la perspective de l’effondrement (cf. illustration et référence page suivante) :

  • La ville éco-technique : la société locale a su anticiper l’effondrement longtemps avant et a pu renforcer la résilience de ses réseaux, de son fonctionnement social, de ses approvisionnements … pour s’y préparer / pallier aux défaillances et chocs à venir.

  • La ville éco-village : la société locale a été prise de cours par des chocs brutaux mais a su conserver sa cohésion pour y faire et évoluer vers un autre mode de vie et d’organisation plus résilient. Les habitants abandonnent l’idée de revenir à l’état antérieur (notre civilisation actuelle).

  • La ville enclavée : seule les riches s’en sortent / mettent en place les moyens de conserver leur mode de vie et leurs approvisionnements et leurs accès aux grands systèmes socio-techniques malgré les chocs en cours ou à venir. Ils vivent dans des quartiers sécurisés. Inversement, les autres sont laissés pour compte et voient leur sort se dégrader considérablement. La sécurité publique est réorientée vers la protection des riches et le contrôle des pauvres.

  • La ville effondrée : aucune anticipation et/ou combinaison de chocs extrêmes. Destruction des chaînes d’approvisionnement et systèmes socio-techniques permettant la vie en ville. Exode urbain, disparition de la ville.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ndlr :

> Les scénarios évoqués ci-dessus et leurs fondements théoriques sont détaillés dans l’article de Pablo Servigne, « imaginer l’avenir des villes », barricade, 2017 (http://www.barricade.be/publications/analyses-etudes/imaginer-avenir-villes ).

>Cf. aussi conférence de Denis Meadows sur les 7 croyances à abandonner concernant le futur des villes (cité par P. Servigne dans l’article évoqué ci-dessus pp.19-22) > https://www.youtube.com/watch?v=fUhGeRPW_4Y .

Ces 7 croyances à abandonner sont :

  • La croissance va se poursuivre

  • L’énergie va continuer à être facile d’accès

  • Le pétrole sera remplacé par des énergies renouvelables

  • Les problèmes seront résolus par les nouvelles constructions / on pourra reconstruire totalement la ville

  • Notre mode de vie de maintiendra voire s’améliorera

  • Notre système politique et économique restera peu ou prou le même

  • L’avenir appartient aux « smart cities.

 

Des exemples historiques montrent que la société peut se réorganiser rapidement et de façon efficace dans un contexte de crise : les victory garden mis en place en Angleterre ou aux Etats Unis pendant la seconde guerre mondiale (afin d’accroître la production alimentaire locale et réserver les produits de la grande agriculture à l’alimentation des troupes) ; ou encore la réorientation de l’économie américaine suite à Pearl Harbour (suite à cet évènement, le Président Roosevelt a demandé aux constructeurs automobiles de réorienter leur production vers le matériel de guerre, et a mis en place une tranche d’impôt à 90% sur les plus hauts revenus).

 

1-4 UNE SEANCE POUR AMENER LES ELUS A S’EXPRIMER SUR LES PISTES DE RESILIENCE / TRANSITION DE L’AGGLOMERATION GRENOBLOISE EN INTEGRANT LA PERSPECTIVE DE L’EFFONDREMENT

 

L’objectif est que les élus expriment leurs idées sur les pistes qui permettent d’amortir les chocs, de faire que l’effondrement soit le moins pire possible. Ils sont plus largement invités à réagir à deux grands questionnements :

  • Peut-on se préparer avant, ou devra-t-on agir dans l’urgence une fois que le choc sera là ?

  • Comment préparer la résilience d’un système urbain qui dépend largement d’approvisionnements extérieurs, de grands systèmes nationaux et d’énergies fossiles / fissiles pour le fonctionnement des fonctions vitales ?

 

 


 

JEROME DUTRONCY, VP ENVIRONNEMENT / AIR / CLIMAT / BIODIVERSITE DE LA METROPOLE

 

1-UNE CONCEPTION DE LA RESILIENCE ET UN SYSTEME DE GESTION DES RISQUES INADAPTES EN CAS D’EFFONDREMENT / DE CRISE GLOBALE

Actuellement, la réflexion sur la résilience est centrée sur les risques industriels, technologiques ou naturels. Elle cherche à anticiper le risque, afin de le gérer au mieux l’évènement sur un temps court (protection des personnes et des biens) dans l’idée de revenir à la situation antérieure une fois que la crise est passée. Cette approche se retrouve dans les procédures de gestion des risques, les plans communaux de sauvegarde, l’organisation des agents publics être réactif en urgence face à un évènement imprévus, …

La question de l’effondrement, d’une combinaison de crises majeures généralisées amène à ne plus penser de la même façon. Elle nous fait prendre conscience de nos vulnérabilités et fragilités. Dans un contexte de crise globale ou d’enchaînements de ruptures majeures, l’ensemble de nos dispositifs de gestion de crise ne seront en capacité de répondre. La société sera tellement déstabilisée que la question ne sera plus de revenir à la situation d’avant, on sera passé dans une autre réalité où l’enjeu sera de survivre.

 

2-DES PISTES DE REFLEXION POUR PREPARER LA RESILIENCE

 

> Réduire dès maintenant les inégalités pour limiter le nombre de laissés-pour-compte en cas d’effondrement

Nos sociétés sont marquées par de nombreuses inégalités existent (social, santé, économie, accès aux ressources et biens de subsistance : logement, alimentation, accès à l’eau potable, à l’énergie, à des moyens de se déplacer). Le jour où tout s’effondrera, les plus défavorisés d’entre nous sont ceux qui seront probablement laissés pour compte.

C’est pourquoi une piste pour être plus résilient en cas de crise majeure est réduire dès maintenant les inégalités, afin de (re)donner la capacité à tout un chacun de s’adapter à une situation de survie.

 

> Restaurer les écosystèmes et changer notre rapport avec la nature

Nous faisons partie d’un écosystème qui nous apporte des bénéfices : qualité de vie, santé environnementale, production agricole, cycle de l’eau / eau potable naturelle, …

De ce fait, il faut restaurer les écosystèmes vivants et promouvoir changement de culture / de regard sur la nature / le vivant / les liens homme-nature.

 

> Remettre en adéquation les besoins et les ressources locales / aller vers une économie circulaire

La différence entre nos besoins / nos consommations et les ressources locales mobilisés pour y répondre est problématique. Dans un contexte d’effondrement, il ne sera plus possible de mobiliser des ressources / des approvisionnements extérieurs.

Il est donc nécessaire de remettre une adéquation entre les besoins locaux et les ressources locales. Par exemple pour l’eau potable, on ne pourra compter que sur les ressources que l’on a sur notre territoire et non plus sur de l’eau en bouteille venue de l’extérieur. C’est important de le dire car dans un certain nombre de secteur – alimentaire, eau potable – énergie, on est dépendant de l’extérieur. Il faudra demain que l’on soit interdépendant et autonome au niveau local pour être résilient.

 

> Penser la résilience à la bonne échelle – celle de la grande région grenobloise – en construisant des solidarités inter-territoriales sur l’alimentation, la filière bois, l’eau potable, …

Pour penser la résilience, il y a une échelle géographie, une sorte de seuil, la ville de Grenoble voire la Métropole ne peuvent pas s’en sortir en mobilisant uniquement leurs ressources locales. C’est notamment vrai pour l’alimentation : comment imaginer que les 200 exploitants agricoles de la métropole puissent parvenir à nous alimenter ?

Il faudra des interconnexions et des interdépendances à une échelle plus large, celle du bassin de vie. Cela suppose de construire une capacité à traiter collectivement le problème à une échelle pertinente. Ces coopérations inter-territoriales à l’échelle de la région grenobloise sont à conforter dans les domaines suivants :

  • Plan alimentaire territorial > programme pour relier le temps à l’assiette à l’échelle du bassin de vie avec un travail en cours associant Grenoble Alpes Métropole, le Grésivaudan, le Trièves, les PNR, …

  • Filière bois > nos forêts sont exposées aux changements climatiques – mais demain, cette foret sera la ressource première en énergie renouvelables pour nous chauffer, pour construire, … Là encore, une stratégie interterritoriale est à construire notamment avec les massifs

  • Alimentation en eau potable > certes, la métropole à 3 à 4 fois plus de ressources par rapport à ses besoins. Mais d’autres territoires de la grande région grenobloise souffrent ou souffriront d’un déficit d’approvisionnement en eau comme le souligne le diagnostic de la ressource conduit à l’échelle de la grande région grenobloise.

 

 


 

VINCENT FRISTOT - MAIRE ADJOINT DE GRENOBLE DELEGUE A L’URBANISME ET A LA TRANSITION ENERGETIQUE ET PRESIDENT DE GEG (GAZ ELECTRICITE DE GRENOBLE)

 

1-UN MANQUE DE CADRE POUR ABORDER LA RESILIENCE DANS UN CONTEXTE D’EFFONDREMENT

Il existe « peu de cadres pour aborder ce type de sujets ». Les plans communaux de sauvegarde actuels ne sont pas adaptés à des crises longues ou globales, ils sont conçus pour des catastrophes de durée limitée.

On peut imaginer qu’en cas d’effondrement, le réseau national ne pourra plus fournir d’électricité ou de gaz. Pour le réseau électrique, on a été très proche d’un blackout en janvier 2017 à cause de la combinaison entre un hiver rigoureux (poids du chauffage électrique), mise à l’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires et tensions sur nos capacités à importer de l’électricité.

Pour que ce black-out soit évité, les industriels ont dû « s’effacer » (c’est-à-dire réduire ou suspendre leur consommation électrique), et il était prévu d’effacer l’équivalent de 15 mégawatts sur la consommation des particuliers (soit l’équivalent de 800 immeubles).

On a affiché des papiers d’information sur les immeubles concernés, pour inviter les gens à se rendre dans les maisons des habitants pendant la coupure (accueil, café) et à prendre garde aux voisins et personnes âgées. Ces liens de proximité sont indispensables pour gérer la crise.

 

2-UNE STRATEGIE DE RESILIENCE A CONSTRUIRE EN PRENANT EN COMPTE LES VOLUMES DE CONSOMMATION ET LEUR EVOLUTION

 

> Une consommation d’eau divisée par deux en 40 ans sur le territoire communal de Grenoble

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Source : rapport annuel de la SPL Eaux de Grenoble Alpes page 79.

https://www.eauxdegrenoblealpes.fr/cms_viewFile.php?idtf=2731&path=Rapport-d-activite-2017.pdf

 

Il y a 40 ans, on consommait le double d’eau par rapport à maintenant. Les chiffres sont en ligne dans le rapport annuel de la société publique locale Eaux de Grenoble Alpes (cf. illustration page suivante). Cette évolution s’explique principalement grâce à la réduction du gaspillage [ndlr : et probablement aussi en lien avec la désindustrialisation de la ville-centre].

 

 

> Une consommation d’électricité multipliée par deux en 30 ans sur le territoire communal de Grenoble

Sur le territoire de Grenoble, la consommation d’électricité a été multipliée par deux entre 1985 et 2018 (source : calculs de Vincent Fistot à partir des rapports d’activité annuels de GEG).

 

3-POUR L’ENERGIE, DES RESSOURCES LOCALES SUFFISANTES POUR FONCTIONNER EN MODE DEGRADE ?

>La production locale d’électricité renouvelable est en développement :

  • Cogénération avec le réseau de chaleur (centrale de la poterne et future centrale biomax).

  • Centrales au bois … et production de biogaz qui pourra alimenter les camions qui iront chercher le bois.

>En première approche, on a les moyens pour gérer la situation en mode dégradé (nécessité de diviser par 10 la conso d’électricité pour tenir avec les ressources locale – premier ordre de grandeur à affiner). Cela permettra de répondre aux besoins essentiels / vitaux.

>Globalement, le développement local des nouvelles sources de production d’énergies renouvelables permet de renforcer la résilience du territoire face au risque d’une rupture d’alimentation des réseaux nationaux d’approvisionnement en énergie.

 

Ndlr : Cette question de la « résilience énergétique » serait à approfondir :

  • Selon les données publiques disponibles sur la plateforme ORE, la consommation d’électricité 2017 sur le territoire de la Métropole a été de 3 591 000 GW/h tous usages confondus. Et selon les estimations de l’OREGES Auvergne Rhône-Alpes, 540 000 GW/h d’électricité renouvelable ou de récupération ont été produits en 2015 sur le territoire de la Métropole1..

  • Si on raisonne à l’échelle de la grande région grenobloise, l’écart production – ressource est moins grand en raison de la présence des grands barrages hydro-électriques. Selon les mêmes sources la consommation 2017 d’électricité à l’échelle du Sud Isère (périmètre SCoT élargi aux massifs voisins) à 7 050 000 GW/h pour une production 2015 d’environ 3 963 000 GW/h. Par contre, dans un contexte de crise énergétique, quelle part de la production des grands barrages serait allouée pour notre territoire et quelle part viendrait alimenter en secours d’autres territoires ?

  • La situation est par contre critique pour le gaz de ville : à l’échelle de la Métropole on a consommé 3 052 000 GW/h de gaz naturel (tous usages confondus) pour une production locale de biogaz de 24 000 GW/h (méthanisation des boues de la station d’épuration aquapole) – source ORE et OREGES. A l’échelle du Sud Isère, la consommation d’élève à 4 536 000 GW/h de gaz naturel, pour une production locale de 24 000 GW/h.


 

OLIVIER BERTRAND – CONSEILLER DELEGUE A LA VILLE DE GRENOBLE ET PRESIDENT DE LA SOCIETE PUBLIQUE LOCALE EAUX DE GRENOBLE-ALPES

 

1-RESILIENCE : DES REFLEXIONS A DECLOISONNER ?

Pour Olivier Bertrand, la résilience est une question « que l’on traite chacun dans notre domaine mais qu’on aborde très peu de façon collective ».

 

2-LA PERENNITE DE L’APPROVISIONNEMENT EN EAU EST DEJA UNE QUESTION CRITIQUE POUR DE NOMBREUSES VILLES

La question de la ressource en eau à l’échelle planétaire est devenue critique dans beaucoup de pays et de grandes agglomérations qui utilisent beaucoup plus d’eau que ce que leurs ressources « patrimoniales » le permettent.

Certaines grandes villes ont été au bord de « fermer le robinet » dont notamment Le Cap en 20182.

Cette situation critique concerne également des pays occidentaux même si les pays en développement sont plus durement touchés.

 

3-GRENOBLE EST DANS UNE SITUATION FAVORABLE ET DEVRAIT POUVOIR ASSURER LA PERENNITE D’UNE DISTRIBUTION DE L’EAU POTABLE EN MODE DEGRADE

Grenoble et son agglomération dispose de la plus grosse « ressource patrimoniale » de France : la nappe phréatique du Sud Isère (Romanche et Drac). Cette ressource dispose de nombreux atouts :

  • Elle restera largement suffisante même dans les pires scénarios du GIEC concernant le réchauffement climatique (selon une étude prospective récente). (Ndlr : cette étude a été conduite en 2018 par la communauté de l’eau potable et l’établissement public du SCoT de la grande région grenobloise : c-eau-region-grenoble.org/wp-content/uploads/2015/03/VF_CCetEau_29nov.pptx )

  • Elle est très peu exposée aux pollutions d’origine humaines ou agricoles et peut donc être distribuée sans traitement préalable.

  • Elle mobilise assez peu d’énergie électrique pour le pompage et l’alimentation des réservoirs situés en hauteur (ce qui permet un écoulement gravitaire depuis ces derniers). Et il serait possible d’installer une « micro-turbine » électrique sur le Drac au niveau du Saut du Moine pour assurer l’autonomie électrique du fonctionnement de ces pompages.

Il serait donc possible, dans un contexte d’effondrement, de pouvoir continuer à assurer un service minimum de fourniture d’eau potable, peut-être pas dans chaque immeuble mais à minima dans chaque quartier.

 

4-UN MANQUE DE MOYENS POUR REPONDRE A LA FOIS AUX ENJEUX DE SECURITE ANTI-TERRORISME ET DE RESILIENCE

Le climat sécuritaire de notre époque domine les politiques publiques et empêche des investissements dans le domaine de la résilience

Ainsi, les capacités d’investissement de « Eau de Grenoble Alpes » sont fortement mobilisées par les exigences réglementaires de protection de la ressource contre le risque terroriste (clôture des sites, surveillance par vidéo et caméras thermiques, etc.).

De ce fait, on ne peut pas orienter les investissements vers la résilience (ex : financer la micro-turbine au Saut du Moine).

 

LUCILLE LHEUREUX, MAIRE ADJOINTE DE GRENOBLE EN CHARGE DES ESPACES PUBLICS ET DE LA NATURE EN VILLE

 

1-L’AUTONOMIE ALIMENTAIRE : UNE QUESTION CRITIQUE

 

> La production agricole locale couvre moins de 2% de la consommation alimentaire du territoire

On n’a pas les capacités pour alimenter aujourd’hui la ville et l’agglomération grenobloise. L’agriculture locale couvre environ 1,6% de la consommation alimentaire du territoire ce qui est particulièrement faible par rapport à d’autres grandes agglomérations.

 

Ndlr : Source : « note de position » du Cabinet d’études Utopie « autonomie alimentaire des villes, état des lieux et enjeux pour la filière agro-alimentaire française » - http://www.utopies.com/fr/publications/autonomie-alimentaire-des-villes . Il s’agit d’une estimation de la part des dépenses alimentaires réalisées sur le territoire de l’aire urbaine de la région grenobloise qui sont achetées à des agriculteurs présents sur le territoire.

Cette estimation « économique » gagnerait à être complétée par une estimation des surfaces agricoles nécessaires pour nourrir les habitants de la Métropole. Si on se base sur le « convertisseur alimentaire » de l’association Terre de Liens (qui permet d’estimer les surfaces nécessaires pour nourrir en agriculture biologique une certaine population - http://convertisseur.terredeliensnormandie.org/ ), il faudrait mobiliser – selon l’hypothèse de régime alimentaire (actuel ou moins carné) – entre 37 000 et 50 000 ha de culture et 68 000 à 121 000 ha de prairies d’élevage pour nourrir la population de la Métropole … pour une surface agricole utilisée (SAU) par les agriculteurs installés dans la Métropole était estimée – en 2010 – à 3 000 ha de culture et 4 000 ha de prairies selon le recensement général agricole de 2010. Selon les mêmes sources, à l’échelle du Sud Isère, il faudrait mobiliser entre 62 000 et 83 000 ha de culture et 113 000 à 199 000 ha de prairies pour nourrir la population, pour une surface agricole utilisée estimée à 66 000 ha de culture et 73 000 ha de prairie en 2010.

 

> Deux leviers d’actions pour combler ce décalage : augmenter la production locale et faire évoluer nos régimes alimentaires

Deux leviers doivent être activés pour rattraper le très grand décalage entre la production et la consommation alimentaire locale :

  • Augmenter la production agricole, ce qui suppose de trouver de l’espace pour étendre les productions agricoles, et d’optimiser l’usage des espaces agricoles actuels notamment en les recentrant vers des productions destinées au marché local et à l’alimentation humaine (et non pas vers l’alimentation du bétail).

  • Changer nos régimes alimentaires. Ainsi, on ne pourra jamais produire localement toute la viande que l’on consomme localement ce qui implique d’en manger moins.

 

Ndlr 1 : un régime alimentaire nettement moins carné / moins dépendant de l’élevage permettrait aussi de diminuer la surface agricole nécessaire par habitant. A noter toutefois que l’élevage offre des ressources importantes pour l’agriculture – fumure, voire traction animale dans un contexte post-pétrole – et peut occuper des espaces moins adaptés au maraichage intensif ou à la céréaliculture (pentes, terrains plus secs).

 

Ndlr 2 : l’incitation au développement des jardins potagers privés (notamment pour les personnes qui possèdent une maison avec terrain voire pour les copropriétés ayant des espaces collectifs en herbe) est probablement un levier important de la résilience alimentaire territoriale. Ainsi, l’habitant d’un pavillon situé à Saint-Martin-d’Hères rencontré pendant le « food-transect » de l’agglomération grenobloise (organisé en mai 2018 dans le cadre du programme de recherche FRUGAL) estimait pouvoir autoproduire 50% de ses besoins en fruits et légumes grâce à son potager et aux arbres fruitiers situés sur son terrain en ayant recours à la fabrication de conserves et confitures et en passant 2 à 3 heures par jour à jardiner pendant la saison.

 

> La nécessaire réaffectation du foncier vers l’agriculture va à l’encontre des compromis qui sous-tendent l’élaboration actuelle des documents d’urbanisme

 

Pour réserver du foncier pour l’agriculture cela se joue dans les documents d’urbanisme. Il faudrait aller au-delà de la logique actuelle de « réduction de la consommation d’espace » (ndlr : la réduction de la consommation d’espace signifie que l’on continue à construire sur de l’espace agricole ou naturel, mais de façon moins importante qu’avant) pour aller vers la réduction des surfaces imperméabilisées « en planifiant la transformation de terres imperméabilisées (parkings) en terres agricoles » !

Mais « on (ndlr : les élus écologistes) n’arrive pas à faire passer ce message au niveau de la Métropole » en raison de la persistance d’une « logique d’opposition » entre les besoins d’espace liés à la construction de logements ou de surfaces économiques, et les enjeux de développement des surfaces agricoles (y compris par réaffectation d’espaces actuellement imperméabilisés). Il faudrait raisonner dans l’autre sens : planifier en priorité la mobilisation des espaces nécessaires à la réponse à nos besoins alimentaires et voir ensuite comment on réoriente l’économie et tout le reste / comment on répond aux besoins de construction lié aux autres secteurs.

 

> Un code des marchés publics à faire évoluer pour permettre l’introduction d’une clause de proximité sur l’approvisionnement de la restauration collective

Pour stimuler le changement de régimes alimentaires et stimuler la production agricole locale, on peut utiliser le levier de la restauration collective / de la restauration scolaire (ex : mise en place de repas végétariens). Ainsi, plus de 10 000 repas sont servis par jour dans les cantines de la Ville de Grenoble.

Mais on est contraint par le code des marchés publics qui interdit de demander que la nourriture soit produite localement / vienne de moins de X km. Sur ce point, il serait nécessaire de faire évoluer la législation

 

2-UN FORT ENJEU D’ADAPTATION DES ESPACES PUBLICS AUX EFFETS PREVISIBLES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE (VAGUES DE CHALEUR)

L’adaptation au changement climatique est un autre problème majeur. Les fortes chaleurs de demain vont être très difficiles à supporter car très éloignées de ce qu’on connait jusque-là. Cela va devenir un enjeu majeur en termes de santé publique.

 

Ndlr : selon une étude scientifique récente (2017), les records de chaleur dans le nord-est de la France pourraient dépasser les 55° à l’horizon 2050. Pour mémoire, le record de chaleur enregistré à la station météo de Saint-Martin-d’Hères est de 40,7° en juillet 2015.

Cf. Margot Bador, Laurent Terray, Julien Boé, Samuel Somot, Antoinette Alias, Anne-LaureGibelin et Brigitte Dubuisson, « Future summer mega-heatwave and record-breakingtemperatures in a warmer France climate », Environnemental research letters (12), 2017, http://cerfacs.fr/wp-content/uploads/2017/08/GLOBC-Article-Futuresummer-Bador_et_al_ERL_2017.pdf

Etude reprise par Jean Jouzel et Pierre Larrouturou, Pour éviter le chaos climatique et financier, Odile Jacob, 2017, p. 109

 

Pour répondre à ce défi, il faudra adapter physiquement la ville : planter, végétaliser façades et voitures, adapter le bâti pour faire des immeubles végétalisables … On sait faire techniquement mais cela coute de l’argent.

 

JACQUES WIART – CONSEILLER MUNICIPAL DE GRENOBLE SUR LES DEPLACEMENTS

 

1-DES PISTES DE TRANSITION INSPIREES PAR LE SCENARIO NEGAWATT

Jacques Wiart propose 7 pistes de transition basées notamment sur le scénario Négawatt (sobriété, efficacité, développement des énergies renouvelables).

 

> Sobriété (moins se déplacer)

>Proximité = travailler la question de la proximité dans les choix d’aménagement du territoire, développer le polycentrisme, lien avec les orientations stratégiques du SCoT qui vivent à identifier plusieurs centralités sur le territoire –rapprochement habitat, travail, éducation.

>Télétravail : développement à haute échelle des possibilités de télétravail à l’échelle de la région urbaine grenobloise, créer une centaine de lieux de télétravail avec une « charte graphique région urbaine grenobloise » pour qu’ils soient facilement identifiables.

 

> Efficacité (utiliser des modes moins consommateurs d’énergie)

>se déplacer à pieds ou en vélo d’autant plus qu’on est dans une logique de proximité

>covoiturage pour diviser par deux ou par trois des km nécessaires par km parcourus. Notre métropole est porteuse d’un discours fort sur le covoiturage.

>développement des centres de distribution urbaine permettant d’alimenter la ville avec des véhicules « propres ».

 

> Transition des véhicules vers les énergies renouvelables

>Electricité renouvelable pour alimenter les véhicules, en lien avec le développement du photovoltaique

>Développer le biogaz – la motorisation gaz est une solution – cf. biogaz à Aquapole.

 

Ndlr :

>Ces pistes de transition n’intègrent pas forcément la « radicalité » des chocs qui pourraient toucher le système de déplacement dans un contexte d’effondrement – sachant de plus que ces chocs pourraient arriver à court terme. Par exemple : rupture des chaînes d’approvisionnement en pétrole ; hausse brutale du prix des carburants à court terme (ainsi, l’agence internationale de l’énergie alerte – dans son dernier rapport annuel – sur la forte probabilité d’un pic pétrolier avant 2025 - http://petrole.blog.lemonde.fr/2019/02/04/pic-petrolier-probable-dici-a-2025-selon-lagence-internationale-de-lenergie/ ) ; tensions croissantes (pouvant devenir très problématiques à court-moyen terme) sur la disponibilité des ressources minérales nécessaire à la transition énergétique, … : cf. ANCRE (alliance nationale des centres de recherche sur l’énergie), ressources minérales et énergie, rapport du groupe « sol et sous-sol » de l’alliance Ancre, juin 2015 : https://www.allianceenergie.fr/ressources-minerales-energie-nouveau-rapport-groupe-sol-sol-de-lalliance-ancre/ ).

> A noter que des membres de l’association Négawatt sont conscients du fait que plus on attend, plus la mise en œuvre de la transition énergétique ambitieuse qu’elle propose sera difficile voire impossible. Ces membres se questionnent sur la production d’un scénario de transition énergétique intégrant une rupture totale ou partielle d’approvisionnement sur certaines ressources (pétrole par ex.) dans un contexte où la transition n’a pas commencée ou n’est pas encore suffisamment avancée. Source : discussion avec Thomas Letz, coordinateur national du scénario Négawatt, rencontré pendant la marche pour le climat du 16/03/2019.

 

 

2-CULTURE CITOYENNE ET CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE : DE LEVIERS POUR LA RESILIENCE.

>Importance de la culture citoyenne – en situation d’effondrement, penser « avec les autres » et non pas uniquement « sauve qui peut pour soi ».

>importance de la culture scientifique et technique pour que les gens ne soient pas spectateurs des technologiques, s’approprient les connaissances, comprennent le fonctionnement des installations (ex : panneaux solaires) pour être en capacité de les réparer dans une logique d’entraide.

 


 

GEORGES OUADJAOUDI, VP PREVENTION, COLLECTE ET GESTION DES DECHETS DE LA METROPOLE

 

1-UN PLAN DE TRANSITION EN COURS DANS LA GESTION DES DECHETS

 

> Augmenter le recyclage et la valorisation des déchets avant incinération

Les habitants de l’agglomération grenobloise génèrent 214 000 tonnes de déchets par an. L’objectif est d’en réutiliser le plus possible (recyclage, compostage, …) et de limiter les impacts du traitement des déchets sur le climat et pollution de l’air.

 

Pour cela, différentes actions sont prévues :

  • Augmenter le taux de recyclage, ce qui a demandé d’énormes modifications dans les déchetteries et chaines de recyclage. On arrive actuellement à faire que 50% des tonnes de déchets soient recyclés.

  • Développer le compostage : collecte des déchets verts / alimentaires, avec des sacs en matériaux biosourcés (à partir de chardon).

  • Réduire l’apport de l’énergie fossile dans le cycle des déchets :

    • Transformation du parc de bennes à ordure : transition vers le biogaz (80 bennes à ordures ménagères à raison de 8 à 10 par an)

    • Transition du chauffage urbain (réseau de chaleur) vers le bois, les ENR, … avec comme objectif de se passer totalement des énergies fossiles sauf situation exceptionnelle (ex : grande vague de froid).

  • Valorisation les déchets pour produire du biogaz, avec plusieurs sites ou projets :

    • Aquapole, le biogaz est utilisé à 2/3 pour le fonctionnement de l’usine et à 1/3 injecté sur le réseau.

    • Projet de centrale biomasse à Murianette, 80% du gaz sera réinjecté dans le réseau..

 

Il y a aussi des actions qui dépendent du niveau national :

  • Interdire / réduire l’usage des matières qui ne sont pas facilement recyclables.

  • Interdire les plastiques jetables, obliger la filière à utiliser en priorité des plastiques issu de recyclage.

 

> Faire évoluer le comportement et l’attitude des consommateurs / des habitants

La vraie problématique, c’est de réduire les déchets. La réduction des déchets passera forcement par la mobilisation des acteurs et l’évolution des usages et des comportements.

Ainsi que par le développement de l’économie circulaire, de la longévité et de la réutilisation des produits (lutte contre l’obsolescence programmée).

 

Ndlr : dans un contexte d’effondrement / de pénurie / de forte hausse du prix des ressources, la notion même de déchet pourrait radicalement évoluer, induisant un développement « forcé » de recyclage, de la réparation, de la réutilisation, …

 

 


 

ECHANGES AVEC LA SALLE

 

1-POURQUOI CERTAINES DECISIONS PUBLIQUES SEMBLENT ALLER A L’ENCONTRE DES PISTES EVOQUEES LORS DE CETTE CONFERENCE ? POURQUOI NE PARVIENT-ON-PAS A METTRE EN PLACE DES ACTIONS FORTES VOIRE CONTRAIGNANTES ?

 

>Une personne déplore l’élargissement de l’A480 et la création du centre commercial Neyrpick, qui vont à l’encontre des objectifs de transition. Elle suggère d’arrêter totalement de construire sur des terres agricoles et – en contrepartie – de densifier les zones commerciales en remplaçant les parkings et les « boîtes à chaussure » par des immeubles avec des commerces en rez-de-chaussée.

> Une personne rappelle l’histoire de l’Amérique après Pearl Harbour, le Président Roosevelt avait demandé aux producteurs de voiture de ne plus faire de voiture et de réorienter leur production vers le matériel de guerre et a imposé un taux d’imposition à 90% sur les riches pour financer la guerre. Sur la base de cet exemple, quand est ce qu’on va avoir une action politique forte et contraignante pour se préparer à un contexte d’effondrement ?

 

>Réponse de Lucille Lheureux :

  • Sur le projet A480 on (ndlr : les élus écologistes) veut peser mais en réalité, on ne pèse pas trop – le maire de Grenoble n’est pas membre des COPIL et n’a pas de pouvoir sur ce projet qui nous a été imposé par l’Etat. La ville demande que la vitesse soit limitée à 70 km/h, qu’il y ait une voie de covoiturage, que l’on replante des arbres, qu’il y ait des murs anti-bruit, …

  • Sur la densification et les terres agricoles, au-delà des questions évoquées précédemment (cf. point 5.1.), il faut intervenir aussi sur les interstices, on sait produire de l’alimentation sur des toutes petites surfaces : dès qu’il y a un petit espace libre on le plante ! Problème cependant des sols pollués qui limite la possibilité de cultiver dans certains secteurs (ndlr : certaines techniques agricoles liées à la permaculture permettent de cultiver sur des espaces pollués car elles sont basées sur la création d’un « nouveau » sol agricole).

 

>Réponse de Georges Ouadjaoudi :

  • Neyrpick est un projet communal et non pas métropolitain. Les contradictions politiques qui existent sur ce projet sont liées à la composition du conseil métropolitain – qui donne une large place aux communes avec un poids des communes non proportionnel à leur population. Avec toutes les réformes (ndlr : développement de l’intercommunalité, passage en Métropole, …), les communes sont à cran sur leur autonomie. Et beaucoup de communes au sein du conseil métropolitain (surtout les petites) disent que c’est un projet communal donc la métropole n’a pas le droit d’y toucher. Alors même que ce projet a un impact métropolitain

 

>Réponse de Vincent Fristot :

  • Dans le PLUi, si on n’a pas pu arrêter le grignotage des terres agricoles, c’est aussi lié au poids des propriétaires de terrains et de leur proximité avec les élus.

 

>Réponse d’Olivier Bertrand sur la capacité des politiques à reprendre la main

  • La question de la résilience dans un contexte d’effondrement s’éloigne du thème de nos délégations politiques.

  • On est conscient qu’il y a eu Pearl Harbour avant la reprise en main de l’économie américaine par le Président Roosevelt ! Mais dans notre monde actuel, il y a eu une inversion du rapport de force entre l’économie / finance et le politique au détriment de ce dernier. Et même en cas de choc majeur, il n’est pas sûr que les forces du libéralisme s’effacent. Ainsi, au Japon on assiste à une relance du nucléaire 5 ans après Fuckushima …

  • Plus largement on ne sait pas quand et comment viendra l’effondrement. Est-ce qu’on ira vers un fascisme vert ou est-ce que l’on sera en capacité de tenir avec un pouvoir fort mais démocratique ?

 

2-COMMENT INTERESSER ET MOBILISER LES HABITANTS SUR LE SUJET DE LA RESILIENCE ET DE L’EFFONDREMENT ?

>Une personne est « très contente voire sidérée par ces prises de position des élus sur l’effondrement » mais déplore le manque d’intérêt de la population pour ce sujet. Sans soutien populaire, les élus écologistes ne pourront rien faire face aux « factions politiques opposées qui nient le danger » ainsi qu’aux « grandes entreprises et aux lobbies y compris locaux », sans parler de la « difficulté à mobiliser les moyens nécessaires » pour mettre en place la résilience.

Il faut informer les habitants plus en détail, à la fois sur le danger mais aussi sur les mesures de résilience à mettre en place et leur nécessité absolue (exemple : montrer l’impact futur d’une mesure non prise en termes de mort et d’exode urbain en cas d’effondrement). Il faut que les habitants prennent conscience de la nécessité de mettre à l’agenda des mesures fortes, afin de susciter du soutien et de la mobilisation et faire que cette question soit appropriée par l’ensemble des factions politiques et pas uniquement par les élus « écologistes ».

 

>Réponse de Jérôme Dutroncy : Qu’est-ce qu’y amène les gens à s’intéresser à ces questions ?

  • Pour la qualité de l’air, à partir du moment où on a démontré l’impact sanitaire d’une qualité de l’air dégradée, les gens « se bougent ». Si on montre que l’objectif est de protéger les gens (bien vivre, être en bonne santé), on peut mobiliser beaucoup plus les gens.

  • On commence à sentir les effets du changement climatique – de ce fait cela pourra aussi toucher plus les gens sur le quotidien – santé environnementale, canicules, sécheresses, ressources en eau … ce qui pourra générer de la mobilisation à venir.

 

>Réponse de Lucille Lheureux - Retour d’expérience d’un chercheur grec qui travaille sur les questions d’information et de mobilisation des populations sur les questions de santé et d’environnement.

  • Il faut s’appuyer sur l’expérience vécue et les besoins des gens pour les mobiliser. Un panneau d’information véhicule implicitement le message suivant : « nous qui avons conçu le panneau sommes les sachants, vous qui le lisez êtes des ignorants », de ce fait, c’est anti-mobilisateur.

  • Anecdote d’une action de lutte contre l’illettrisme dans une ville du Tiers Monde : les gens ne voyaient pas l’intérêt d’apprendre à lire et écrire mais quand on leur a proposé d’écrire un livre sur leur quartier, ils ont demandé à le faire.

 

 

3-PEUT-ON AGIR AU NIVEAU INDIVIDUEL ? PEUT-ON FAVORISER DES MAINTENANT UNE RELOCALISATION DE L’ECONOMIE ? EST-CE QUE CELA SUFFIRA ?

>Une personne donne plusieurs pistes ou exemples d’actions permettant de faire évoluer les comportements. On pourrait développer l’enseignement de l’écologie et des éco-gestes à l’école, enseigner aux enfants comment composter des déchets, utiliser moins d’eau pour se laver, … Il est également possible d’agir dans les entreprises : cette personne s’est auto-proclamée responsable de l’environnement dans son entreprise (20 personnes) et a obtenu l’arrêt de l’utilisation des capsules de café ou le développement de l’usage des crayons à papier … Il faudrait diffuser ces pratiques, créer des relais dans l’opinion et les entreprises … et bénéficier pour cela d’un soutien public.

>Une personne indique qu’en cas de crise énergétique, il ne sera plus possible de « faire venir de loin » l’habillement, les outils, ce qui devrait nous inciter à relocaliser les productions.

 

>Réponse de Vincent Fristot -.

  • Ce n’est pas la ville ou la métropole qui dirige les entreprises d’habillement – mais on peut pousser la monnaie locale.

  • En cas de limitation des ressources, on en revient à des questions de bien commun – lorsqu’une ressource est limitée, comment on s’organise collectivement pour la gérer et la partager ?

 

>Réponse de Jérôme Dutroncy - lien entre question de l’éducation à l’environnement, des entreprises et de l’accélération des actions.

  • Croit que les petits gestes sont utiles et nécessaires, mais en même temps il faut aller vers une restructuration profonde de la société.

  • On ne peut pas demander plus d’efforts aux gens qui sont sobres pour cause de manque de ressources économiques.

  • On doit organiser le moyen de donner accès de façon équitable à des ressources – force du service public : c’est la ressource de ceux qui n’ont rien >>> idée d’une transition qui doit être à la fois écologique et sociale, ce qui implique de lutter contre les précarités de toute forme.

  • Tout cela est aussi lié à la question de l’éducation à l’environnement, qui peut être aussi prise en charge par les communes et la Métropole (ex : défi des écoles à énergie positive, jardinage à l’école).

  • Pour les entreprises, un des chemins va être de développer les démarches de type RSE.

 

>Réponse de Jacques Wiart -.

  • La mobilisation des entreprises est un fort enjeu car plus de 60% des émissions de GES de la métropole sont liées aux entreprises.

  • Enjeu que les entreprises adhérent au plan climat. Même si, à Grenoble, on a des entreprises qui s’impliquent plus qu’ailleurs dans les plans climats.

 

 

4-COMMENT ASSURERA T’ON LA SECURITE PUBLIQUE (POLICE / ARMEE) ET LES SOINS DE SANTE DANS UN CONTEXTE D’EFFONDREMENT ?

> Une personne indique que lorsque l’on sera dans l’effondrement, les gens vont demander à être protégés. Dans ce contexte – qui pourra être marqué par des fortes tensions sociales et une désorganisation de l’Etat - comment organisera t’on la police ?

>Une personne souligne que dans un contexte d’effondrement, certains éléments indispensables au fonctionnement actuel du système de santé ne seront plus disponibles (ex : plastique pour faire des seringues, …).

 

>Réponse d’Olivier Bertrand sur l’aspect police locale, force régalienne et puissance publique locale.

  • Une recherche historique récente (livre qui vient de sortir aux presses universitaires de Grenoble) sur la période de la révolution française à Grenoble montre qu’à cette époque, la ville de Grenoble a du se débrouiller quasiment seule, et pris en charge des compétences qui n’existaient pas ou qui étaient assurées directement par l’Etat, dont la création d’une force de police pour faire face aux émeutes.

  • Si on transpose à la situation actuelle, il y a déjà une police municipale à Grenoble (ndlr – et dans de nombreuses communes de l’agglomération). Par ailleurs, le Préfet dispose de forces policières et militaires implantées localement (ndlr : police nationale, gendarmerie nationale, compagnie de CRS N°47 basée à Grenoble, bataillon de Chasseurs Alpins basé à Varces, …). On pourrait imaginer que ces forces de sécurité soient fusionnées / réorganisées

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